Comme les volumes 11 et 13 des « Koroliov Series », le présent volume 22 est consacré à Chopin. Enregistrés avec soin, ces disques sont publiés dans un désordre qui pourrait faire froncer les sourcils s'il n'était dicté par la liberté qu'a le grand pianiste russe, vainqueur du Concours Clara Haskil en 1977, d'enregistrer quand il se sent prêt. L'artiste a ainsi joué Bach, Tchaikovski, Prokofiev, Schubert, Debussy, Schumann, Beethoven, Stravinsky, Chopin, Mozart, Ravel et Brahms en faisant des allers-retours. C'est un musicien encyclopédique et inspiré, modeste comme le sont les maîtres qui, comme lui, attirent à eux bien des jounes confrères.

Ce nouveau disque associe des « Feuilles nocturnes » jouées au superlatif du piano, voire du pianissimo, rêveuses, atmosphériques, fluides, élégantes, princières, « très jouées », à la façon dont Chopin le faisait dans la pénombre d'un soir d'été à Nohant, tel qu'on l'imagine d'après les témoignages d'alors. Du grand art qui entraîne l'audituer dans une histoire infinie qui abolit le temps, qui d'une valse et d'une mazurka fait un nocturne sans renoncer à leur découperythimique, d'une étude un poème sans éluder le brio, d'un nocturne un poème éloquent et mezza voce. Sans jamais que Koroliov renonce à faire entendre chez Chopin ce qui est rèvolutionnaire dans la conduite de l'harmonie et l'èconomie fulgurante du matériau.

Alain Lompech

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