Ach ! Si Franz Schubert avait possédé Auryn, l’amulette ayant le pouvoir de donner de l’intuition à celui qui la porte (« L’Histoire sans fin » de Michael Ende), peut-être aurait-il vécu juste un petit peu plus longtemps pour nous donner de nombreuses autres émotions … Emotions sans fin, éternelles et indispensables à notre vie de mélomane ! Un génie pareil ne se devait pas de mourir à trente et un an, ce n’est pas juste, tous les schubertiens du Monde le confirmeront. Peut-être alors aurions-nous pu entendre de vrais et grands opéras ? Des symphonies encore plus en avance sur leur temps, des trios, quatuors, quintettes encore plus aboutis et pourquoi pas des lieder encore plus puissants …

Mais nous ne pouvons refaire l’Histoire et nous devons nous contenter de ses plus belles créations. Toujours et encore, le Quintette en ut appartient à cette catégorie d’œuvres à part dans le cœur et la pensée du mélomane. Quelle formation, petite ou grande, n’a pas eu le devoir et l’envie de l’accoucher en lui imprimant sa patte, son génie, son sérieux, sa technique et son âme finalement. Pour bien jouer Schubert il faut effectivement déjà le vouloir, s’en imprégner puis s’en éloigner pour revenir plus fort, plus convaincant.

Le Quatuor Auryn a, nous osons le dire, tout compris à Schubert. Cette formation allemande a dans son jeu l’équilibre parfait entre la grâce, la puissance, la technique et la compréhension de l’œuvre et de ses enjeux. Aidée d’un merveilleux Christian Poltéra au violoncelle, le dialogue des violoncelles est une rareté musicale dans le genre tant tout y est : émotion, tempi, les hauts et les bas sont transcrits de manière parfaite. Tout au long de cette interprétation la formation nous abreuve de son talent.

Que dire de plus, nous avons tant de versions de ce quintette dans nos discothèques. Pourtant, une fois de plus, cette interprétation vaut le détour. Une fois de plus nous craquerons et nous écouterons émerveillés ce chef-d’œuvre avec la conviction de n’être pas passé à côté de quelque chose de grand et merveilleux.

Christophe Le Gall

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