--> critique originale

(…) Le dernier disque associe Evgueni Koroliov (né en 1949) à son épouse, la pianiste d’origine macédonienne Ljupka Hadzigeorgieva (née en 1948). Enregistré en concert, Le Sacre du printemps est appréhendé avec une radicalité du toucher – spécialement clair et percutant – qui nuit aux dynamiques orchestrales et assèche le propos. Trop de vide s’immisce dans cette interprétation exaltant le modernisme des dissonances et la sauvagerie crue. Ne nions pas, pour autant, l’osmose entre les pianistes, qui offre de grands moments, comme la tension qui entoure «Les Augures printaniers» ou l’extrémisme des accords de la «Danse sacrale» comme des «Rondes printanières». Mais cette frappe piquée s’avère quelque peu lassante. Tous composés par Stravinski, les compléments de l’album – de toniques et ludiques Pièces faciles pour piano à trois et quatre mains – sont parfaitement cohérents avec le style de la transcription, alors que le Tango (1940) et la Piano-Rag-Music (1919) apportent, sous les seuls doigts d’Evgueni Koroliov, une touche bienvenue de fantaisie.

Gilles d'Heyres

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