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Le Disque du Jour

Un parfum de nostalgie a dû envahir la Jesus-Christus-Kirche de Berlin-Dahlem à l’automne 2018. Qui jouait ainsi les Sonates pour violon et clavecin de Bach ? Wolfgang Schneiderhahn et Helmut Walcha ? Non, Daniel Gaede et Raphael Alpermann. Leur jeu paraît intemporel, ils savent mettre du sentiment (le Largo de la Sonate en ut mineur), et introduire un giocoso spirituel dans les éléments rhétoriques, leur Bach danse et s’émeut, dans une modestie du son qui est une vertu : on est entre soi, on joue l’un pour l’autre, l’idée du concert serait incongrue. Le texte jaillit, les polyphonies irradient, au point que souvent s’enlacent en majesté trois voix sinon trois instruments. Le cahier s’écoute d’une traite, intemporel déjà dans cette lecture comme venue d’un autre temps alors qu’elle a fait son miel des interprétations historiquement informées. L’album rappelle au passage quel grand claveciniste est.

Raphael Alpermann

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